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La DRH : Bonjour Monsieur l’inspecteur, je vous
présente mes collaborateurs…
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L’inspecteur
du Travail : Ah, vous avez des gens extérieurs à l’entreprise, ils
ne sont pas déclarés ?
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La DRH : Mais non, bien sûr, ils sont salariés.
Ici, dans l’entreprise, bien sûr
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L’IT : Pourquoi vous les appelez
collaborateurs ?
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La DRH : Mais on les appelle comme ça, ce sont
des collaborateurs…
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L’IT : Mais, Madame, vous savez ce qui
caractérise un contrat de travail, c’est un « lien de subordination juridique
permanente ». Je parle en droit. Tout salarié est «subordonné». On ne peut à
la fois, être « collaborateur » et « subordonné ».
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La DRH : Monsieur l’Inspecteur on les appelle
ainsi, par respect, pour les associer…
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L’IT : Madame, le mot « collaborateur » n’existe
pas une seule fois dans le Code du travail, restez donc sur un plan juridique,
c’est clair : un « salarié » !
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La DRH : Mais enfin monsieur l’Inspecteur, on a
le droit d’appeler nos… nos collaborateurs comme on veut.
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L’IT : Madame, vous faites de l’idéologie. S’il
vous plait, pas avec moi.
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La DRH : Comment ça ?
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L’IT : C’est de l’idéologie que d’appeler un
salarié « collaborateur ». Ça peut faire croire, qu’il est sur un pied
d’égalité avec vous dans son contrat mais ce n’est pas le cas. C’est parce
qu’il est subordonné qu’il a des droits. Le code du travail, c’est la
contrepartie à la subordination. Supprimer la notion de subordination, ça
enlève la contrepartie. Ça fait croire que dans l’entreprise, tous ont le même
« challenge », le même « défi », sont dans le même bateau. Jusqu’à ce que le
patron parte avec le bateau et que le salarié reste amarré sur le quai au Pôle
emploi, et il s’aperçoit alors qu’il n’était pas collaborateur mais bel et bien
subordonné… Le patron et le salarié n’ont pas les mêmes intérêts. L’un cherche
à vendre sa force de travail le plus cher possible, l’autre veut la lui payer
le moins cher possible.
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La DRH : Là, monsieur l’inspecteur, c’est vous
qui faites de l’idéologie !
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L’IT : Vous croyez ? Bon alors, je propose
d’arrêter tous les deux, et pour nous départager, de nous en tenir au droit, au
seul droit, donc on parle de « salariés » désormais. Uniquement.
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La DRH : Bien mais c’est dommage, j’utilise «
collaborateur » parce que c’est valorisant…
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L’IT : C’est vous qui le dites ! Vous ne vous
demandez pas pourquoi on n’a pas mis le mot « collaborateur » en 1945-46 dans
le code du travail ?
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La DRH : C’est une question de génération…On n’a
pas le même sens pour le même mot…
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L’IT : C’est certain. « Collaborateur », c’est
marqué d’infamie. On n’a donc pas la même approche. Allez, n’en parlons plus,
mais encore une fois, soyez correcte : appelez vos salariés des salariés…
Article écrit par Gérard Filoche, inspecteur du travail et militant,
publié le 2 août 2013
publié le 2 août 2013
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