jeudi 24 avril 2014

Félicitations à nos nouveaux camarades de ACS BPS
Suite aux élections professionnelles, une nouvelle section syndicale CGT a été créée dans notre filiale
Lien du blog : http://cgt-werox.org/blog/  

mercredi 26 mars 2014

La souffrance au travail

Vous vous sentez en danger, vous êtes sur le qui-vive à votre travail, pour faire toujours mieux. Au fil du temps, vous ne prenez plus le temps de déjeuner, vous partez de plus en plus tard le soir. Le jour, au travail, vous pensez sans pouvoir vous en empêcher aux critiques sur votre travail. La nuit, vous faites des cauchemars sur le travail qui vous réveillent en sueur. Bientôt, vous n’arrivez plus à dormir. Les week-end, vous êtes couché avec des maux de tête ou de ventre. Vous n’avez plus l’énergie de vous occuper de vos enfants. Vous ne sortez plus car vous vous sentez épuisé et puis ce que vous ressentez au travail est impossible à partager, et vos amis se sont lassé de vous entendre parler du travail, rien que du travail… La vie sociale est devenue peau de chagrin.

Vous avez peur sur le chemin du travail, souvent votre cœur bat plus vite, vous vous mettez à trembler, vous avez un poids sur l’estomac ou la poitrine. Vous pleurez dans votre voiture ou aux toilettes. Vous êtes perdu et ne savez plus ce qui est bien ou mal, juste ou injuste, vrai ou faux.

Vous passez votre temps à vous justifier pour que les critiques s’arrêtent. Comme tout ce que vous faites est critiqué, vous finissez par vous croire nul. En plus, vous avez des problèmes de mémoire, vous avez du mal à vous concentrer.

Vous maigrissez, ou bien vous grossissez, vous êtes plus souvent malade: eczéma, gastrites, problèmes gynécologiques…

Vous vous sentez harcelé, en souffrance au travail. Vous vous sentez seul, pas soutenu, perdu. Vous ne savez plus quoi faire. Vous vous demandez pourquoi vous vous mettez dans un tel état pour le travail. D’ailleurs, on vous le dit, on ne vous a pas demandé d’en faire autant.

Ces symptômes sont spécifiques aux situations de souffrance au travail

Si le travail peut vous faire autant souffrir, c’est d’abord parce qu’il est porteur de nombreuses promesses. Promesse de l’utilisation et de l’amplification de vos savoir-faire, bref de votre corps. Promesse d’accomplissement de soi par le regard des autres sur son travail et de la construction identitaire  qui en découle. Promesse d’autonomie financière et de sortie de la dépendance aux parents, le travail est aussi promesse de l’apprentissage du vivre ensemble. Le monde du travail est l’espace social qui nous oblige à sortir de nous-mêmes, à interagir, partager et nous confronter avec tous les autres. Travailler, c’est se travailler et travailler ensemble.
C’est parce que le travail est porteur de toutes ces promesses qu’il peut, dans des conditions négatives, être source de souffrances spécifiques, de destructivité massive, incompréhensibles de l’extérieur. Et souvent de l’intérieur, pour celui qui souffre.

Une priorité, en parler, mais à qui ?

Du côté des soins

Votre médecin généraliste, en qui vous avez confiance, qui vous suit depuis longtemps et se rend bien compte que depuis l’arrivée d’un nouveau manager ou depuis la modification de l’organigramme, ou depuis que vous travaillez sur un nouveau logiciel, vous allez moins bien. Il connaît les symptômes que nous avons décrits ci-dessus…..

Votre médecin du travail. Quelquefois, vous le craignez alors qu’il est comme le médecin traitant soumis au secret médical. Lors des visites obligatoires, vous lui cachez ce qui ne va pas. Vous avez tort. Il est là pour vous conseiller. Que ce soit dans le cadre des visites systématiques ou bien à votre demande, vous devez expliquer au médecin du travail ce que vous vivez afin que ce soit noté dans votre dossier médical. En cas d’aggravation de votre situation, votre dossier de médecine du travail fera preuve de l’aggravation de votre état de santé.
Ces deux médecins, s’ils le jugent nécessaire, pourront évaluer l’urgence à vous mettre en arrêt pour vous sortir de la situation de travail pathogène. Souvent, vous êtes dans un tel état psychologique que vous n’osez pas vous arrêter. C’est indispensable pour éviter que votre état devienne chronique.
Il ne s’agit pas de vous arrêter pour vous arrêter. Cet arrêt maladie est un temps nécessaire pour vous reposer, prendre le temps de comprendre ce qui vous arrive et avec vos médecins réfléchir à l’avenir.
Le médecin traitant va mettre en place un traitement médicamenteux et un suivi psychothérapique. Etre arrêté, médicamenté et suivi atteste de la gravité de votre état vis à vis du médecin conseil de la sécurité sociale.
Le médecin du travail devrait vous voir pendant votre arrêt, uniquement à votre demande, dans le cadre de visites de pré-reprise, pour vous aider à mieux comprendre la dégradation de votre situation de travail. Ce travail de compréhension est fondamental car il va vous permettre de prendre du surplomb, de la distance par rapport à votre vécu. Le médecin du travail peut d’ailleurs vous orienter vers un clinicien du travail.
Souvent vous pensez être victime de la méchanceté de quelqu’un. La plainte individuelle, centré sur la psychologie d’un supérieur affaiblit votre discours. Vous savez que se plaindre est depuis toujours signe de fragilité personnelle. La plainte individuelle est immédiatement renvoyée à l’histoire personnelle, aux difficultés intimes. Le conflit se résume à un conflit de personnes. C’est peut-être le cas. Mais il vaut mieux vous pencher sur les modifications de vos conditions de travail qui concernent peut-être tous les salariés. Votre souffrance devient alors une affaire collective.

Du coté de l’entreprise
Le médecin du travail peut, avec votre accord, et sans parler de vous nominativement, interpeller l’entreprise, la direction, le CHSCT, les DP sur les dysfonctionnements qui présentent des risques pour la santé des salariés. Si la direction est de bonne foi et a conscience de sa responsabilité, des actions sont possibles. 
Vous pouvez aussi évoquer votre situation auprès des DP, DS, membres du CHSCT, qui pourront remonter les dysfonctionnements à la hiérarchie. Seule une délibération collective peut permettre de toucher à une organisation du travail pathogène.

Interview de Paul Bouaziz sur les techniques de management pathogènes.

Voir aussi l’Arrêt SNECMA de la Cour de Cassation.

Les stratégies de retour au travail ou de sortie de l’entreprise

- Si l’arrêt maladie, le traitement et la discussion sur le travail vous permettent d’envisager sereinement le retour à votre poste après, qu’on a procédé de bonne foi aux modifications nécessaires grâce à l’intervention des acteurs de l’entreprise, la parenthèse sombre se referme.
- Si vous avez perdu confiance dans votre environnement professionnel proche (hiérarchie, collègues) et vous voudriez muter sur un autre poste, le médecin du travail peut préconiser cette mutation (L 4624-1) qui s ‘organisera en concertation avec la direction, la DRH et vous.
Ces deux cas de figure ne sont envisageables que si l’entreprise a bien conscience de sa responsabilité vis-à-vis de la santé des salariés.

Voir aussi la loi L4121-1 du code du travail.

mardi 11 mars 2014

Emplois, Salaires, Protection Sociale, Services Publics

NON AU PACTE DE RESPONSABILITÉ 
Grève et manifestation : mardi 18 mars 2014 
  • Pour défendre la Sécurité sociale et son financement.
  • Pour nos emplois, l'augmentation des salaires et les services publics.
  • Pour refuser le pacte de responsabilité.
Pour financer son pacte de responsabilité et atteindre les objectifs du TSCG (traité de stabilité européen), le Président Hollande annonce 50 milliards « d’économies » supplémentaires (15% du budget de l’État) ! 
Aucun domaine ne serait épargné.
Pour cela le gouvernement veut s'attaquer aux services publics et à la protection sociale !


On voudrait nous faire accepter le détournement de 36 milliards d'euros en dispensant les patrons des versements des cotisations de la branche famille (allocations familiales). C’est un pas de plus dans le démantèlement de toute la Sécurité sociale.
Cette mesure constitue un véritable pillage de nos salaires. C’est sans aucun précédent depuis 1945, cela ouvre la porte à la fiscalisation de la protection sociale.
En effet, lors de la création de la Sécurité Sociale, il a été décidé de mutualiser son financement au travers de la solidarité nationale et intergénérationnelle, en mettant en place « le salaire socialisé ». Celui-ci comprend notre salaire net + les cotisations sociales dites salariales + les cotisations sociales dites patronales. Les cotisations sociales ne sont donc pas une charge mais la part des richesses créées par les salariés qui sert à financer solidairement la protection sociale pour tous.
Ces 36 milliards, Hollande veut nous les voler pour les donner au patronat qui annonce déjà tout refus de quelque contrepartie que ce soit, et en exige déjà plus !
Ces 36 milliards manqueront pour financer la branche famille. Hollande veut rajouter un racket de plus en prenant ces 36 milliards sur l’impôt payé par les ménages.


Après les multiples exonérations des cotisations des dernières années, le gouvernement entend franchir un cran de plus en offrant aujourd’hui aux patrons l'exonération totale des cotisations de la branche famille pour soi-disant créer des emplois !
En parallèle il envisage de continuer la politique du gouvernement précédent, responsable de la baisse des salaires des agents de la Fonction publique, d'une réduction considérable des emplois et d’une dégradation des services publics à la charge de l’Etat et des collectivités territoriales.
Avec de telles orientations, il voudrait remettre en cause le modèle social de notre pays auquel les Français sont attachés.
Les organisations syndicales CGT, FO, FSU, Solidaires n’acceptent pas de faire de la protection sociale et de la fonction publique une variable d’ajustement budgétaire. Après la loi dite de « Sécurisation de l’emploi », la réforme des retraites, le blocage des salaires, l’augmentation du chômage c’est bien une politique sociale injuste qui pénalise le monde du travail. C’est la logique de l’austérité, qui fait la part belle aux patrons, que nous combattons.


Parce que la croissance économique passe par une autre politique pour l’emploi,
ensemble nous revendiquons :

  • Le retrait pur et simple du projet de pacte de responsabilité.
  • Le maintien du financement de la Sécu et de toute la protection sociale sur les salaires.
  • Une politique créatrice d’emplois stables et statutaires qui rompt avec les cadeaux faits au patronat et aux actionnaires.
  • L’augmentation des salaires pour toutes et tous afin de relancer la consommation étranglée par l’austérité qui aggrave le chômage et la précarité.
  • L’arrêt des coupes drastiques dans les budgets, le maintien du service public et du statut des fonctionnaires.
  • L’arrêt de toutes les exonérations consenties au patronat, qui n’ont pas fait la preuve de leur efficacité.
ENSEMBLE NOUS APPELONS LES SALARIES A FAIRE GRÉVE ET A MANIFESTER LE 18 MARS 2014

samedi 8 mars 2014

Appel à une mobilisation massive le 18 mars 2014


 Communication de la confédération :
 Salaires, emploi, protection sociale, services publics
 
Les organisations syndicales CGT, FO, FSU, Solidaires appellent l’ensemble des salariés, chômeurs et retraités à se mobiliser et à participer massivement aux actions interprofessionnelles de manifestations, rassemblements et grèves du 18 mars.
Lire le communiqué intersyndical
 
Cette journée se prépare activement dans les professions et sur tout le territoire. Elle sera marquée par des arrêts de travail, des manifestations unitaires. 

Tous en grève le 18 mars !

Lieu de manifestation à Paris : à 13h15, départ à Montparnasse, place du 18 juin 1940, jusqu'à la place des Invalides
 

Pour les autres villes :

 

 Communication de notre fédération :
TOUS UNIS LE 18 MARS CONTRE L’AUSTERITE
ET LE PACTE DE RESPONSABILITE !

Avec le pacte de responsabilité annoncé par François HOLLANDE, le gouvernement vient de franchir un nouveau pas dans les attaques contre les salariés et dans l’imposition des politiques d’austérité à l’ensemble de la société. La Fédération Nationale CGT des Sociétés d’Etudes s’inscrit pleinement dans l’initiative des centrales syndicales CGT, Solidaires, FO et FSU et appelle l’ensemble des salariés de nos secteurs à faire grève le 18 Mars 2014 et à se joindre aux manifestations prévues dans toutes la France.

mercredi 6 novembre 2013

A l’appel de la Cgt, la Fsu et Solidaires

3000 manifestants à Carhaix le 2 novembre  

mardi 5 novembre 2013 , par Frédéric Dayan 
 
Tandis que les médias n’avaient d’yeux que pour les bonnets rouges rassemblés à Quimper samedi dernier, les organisations syndicales bretonnes de la CGT, FSU, Solidaires réussissaient à rassembler 3000 salariés à Carhaix pour contribuer à faire un choc de clarification face aux manipulations opérées par le patronat, ainsi que par des forces politiques.
La Cgt Bretagne qui s’en est réjouie dans un communiqué "réaffirme que les choix à faire pour sortir la Bretagne de cette situation de crise passent par une autre réponse aux attentes sociales, de la part du patronat, comme des pouvoirs publics." Elle réaffirme que la construction du pacte d’avenir pour la Bretagne "doit commencer par l’arrêt immédiat des licenciements pour permettre un dialogue constructif pour l’ensemble des salariés de la région.
Il ne peut y avoir de front commun entre les licenciés et les licencieurs." La Cgt Bretagne "regrette les débordements et la violence lors de la manifestation Quimpéroise, qui était malheureusement prévisible, et pour certains prémédités. (...)
La Cgt va poursuivre la mobilisation, dans l’unité syndicale la plus large, pour rassembler les salariés autour de leurs intérêts pour changer de cap, et s’engager vers le progrès social."
Elle demande aux médias d’organiser un débat contradictoire avec les acteurs économiques et sociaux de la région dans le cadre des discussions sur le pacte d’avenir en Bretagne.
Enfin avec d’autres organisations syndicales, la CGT appelle "les salariés à poursuivre la mobilisation interprofessionnelle en manifestant le 23 novembre à Rennes pour le maintien et le développement de l’emploi et le maintien des sites de production."


dimanche 13 octobre 2013

La CGT n'est pas un syndicat catégoriel, elle défend tous les travailleurs, quelque soit leur catégorie professionnelle. 
Il en est de même
à la CGT chez XGS
L’UGICT (Union Générale des Ingénieurs, Cadres,Techniciens) est l’organisation spécifique de cette catégorie de travailleurs et adhérant à la CGT.  
L’UGICT existe depuis 1963 et compte 75.000 adhérents (12% des syndiqués CGT). C’est l’outil interprofessionnel dont s’est dotée la CGT pour rassembler les ICT, leur permettre de se défendre face aux employeurs et agir en convergence avec les autres catégories de salariés. Il aide à surmonter les oppositions entre catégories engendrées par la division du travail. 

Une majorité d’ICT qui ne connait pas l’UGICT, considère souvent la CGT comme le syndicat le plus actif et le plus efficace pour les autres catégories, mais pas pour eux. 

Surmontez vos aprioris et vos craintes, rejoignez la CGT, quelque soit votre catégorie professionnelle, contactez-nous. 
Nous garantissons bien sûr la confidentialité. cgt.xgs@free.fr

Plus d'infos sur : http://www.ugict.cgt.fr/ugict/

samedi 5 octobre 2013

ATTENTION aux ruptures conventionnelles

Depuis quelques mois, XGS "dégraisse" en "suggérant" à certains salariés, devenus indésirables ou trop coûteux, de demander une rupture conventionnelle.

La direction ose ensuite nous annoncer que 99% des ruptures conventionnelles sont à l'initiative des salariés !

Si vous êtes dans cette situation, avant de prendre une décision contrainte, prenez conseil en contactant vos délégués CGT. 

Et surtout, lisez le texte ci-dessous qui vous permettra d'y voir plus clair.

Haro sur la rupture conventionnelle


Par Franc MULLER – Avocat   -   Publié sur le site de JURITRAVAIL 

Il faut se rappeler que cette loi avait pour origine un accord national interprofessionnel qui avait été précédemment conclu par les partenaires sociaux, le 21 janvier 2008.
Le patronat présentait alors la rupture conventionnelle comme « l’équivalent du divorce par consentement mutuel dans les affaires familiales » (cit.) et lui attribuait entre autre vertu essentielle de limiter le contentieux lié à la rupture du contrat de travail.

Cette vision a largement inspiré la loi, de sorte que l’article L 1237-11 du Code du travail énonce que « L'employeur et le salarié peuvent convenir en commun des conditions de la rupture du contrat de travail qui les lie. La rupture conventionnelle, exclusive du licenciement ou de la démission, ne peut être imposée par l'une ou l'autre des parties. »

Nouveau mode de rupture du contrat de travail, la rupture conventionnelle paraissait attrayante ; d’un côté, les salariés en auraient tiré avantage, puisqu’à la place d’une démission qui ne leur ouvrait pas droit au bénéficie de l’allocation chômage, le nouveau dispositif leur permettait de percevoir ces allocations ; de l’autre, les employeurs y trouvaient un moyen de rompre le contrat de travail sans contrainte trop lourde et surtout, à la différence du licenciement, sans avoir à invoquer de motif.

A l’usage, l’expérience démontre qu’en réalité le contexte lié à la conclusion de la majorité des ruptures conventionnelles est révélateur du rapport de force qui détermine la relation de travail.

Fondamentalement en effet, cette relation procède d’un rapport subordonné, dans lequel le salarié est placé sous l’autorité de l’employeur, qui dispose du pouvoir de direction. Les parties ne sont donc pas placées sur un pied d’égalité, c’est l’employeur qui impose ses vues au salarié et non l’inverse !

Rares sont les ruptures conventionnelles initiées par des salariés, en lieu et place d’une démission, étant précisé que la démission est souvent motivée par un différend d’ordre professionnel ou par une embauche dans une nouvelle entreprise.

De fait, les ruptures conventionnelles sont majoritairement prises à l’initiative de l’employeur, qui y a incontestablement plus avantage que le salarié.

Les raisons peuvent en être multiples : relations conflictuelles, manquements reprochés au salarié, volonté d’éviction, motif économique, restructuration ou réorganisation de l’entreprise (non nécessairement liée à un motif économique)

Force est de constater que dans de très nombreux cas, la rupture conventionnelle s’est purement et simplement substituée au licenciement, ce dispositif permettant d’échapper au carcan jugé trop rigide par les employeurs des dispositions relatives au licenciement, notamment l’exigence de justifier d’une cause réelle et sérieuse.

Concrètement les choses, telles qu’elles nous ont été maintes fois rapportées, se déroulent ainsi : le salarié est convoqué de façon souvent inattendue, et informelle, par l’employeur qui lui expose qu’il va devoir se séparer de lui, en invoquant une raison (fallacieuse ou non), et que tout bien considéré, la meilleure des solutions pour les deux parties est de conclure une rupture conventionnelle.

A défaut d’accepter cette proposition, le salarié est informé des foudres qui lui sont réservées, à savoir un licenciement, nécessairement conflictuel, auquel « « il n’a rien à gagner » (les procédures prud’homales sont longues, coûteuses, aléatoires).

On peut légitimement s’interroger sur le point de savoir si son consentement est alors véritablement libre.

Le salarié sur la sellette doit disposer d’une grande force de caractère pour s’opposer à cet ultimatum, auquel peu résistent face à l’incertitude à laquelle ils sont confrontés.

S’ensuit, dans le meilleur des cas, une négociation sur le montant des indemnités dont le salarié sera gratifié, puis en définitive la signature du formulaire de rupture conventionnelle.
L’indemnité est souvent modique (minimum légal), même si l’honnêteté commande de reconnaître que dans des cas limités les indemnités de rupture conventionnelle peuvent être substantielles ; cette exception étant motivée soit par la conscience qu’a l’employeur du risque prud’homal qu’il encourt, soit parfois par sa bonne foi.

Maigre lot de consolation pour un salarié que d’être indemnisé, dés lors qu’il est privé d’emploi et doit rechercher activement un nouveau travail dans un contexte économique excessivement difficile.

Les garde-fous institués par le législateur n’ont qu’un rôle restreint : le droit de rétractation de 15 jours est peu exercé par les salariés qui, rendus à ce stade, ne nourrissent plus guère d’illusion sur la possibilité de sauver leur emploi.

Quant au rôle dévolu par la loi à la Direction du travail (DIRECCTE), dont l’exposé des motifs mettait à la charge de « sécuriser le dispositif en garantissant la liberté de consentement des parties », il s’agit malheureusement d’un vœu pieu.
Les DIRECCTE, assaillies de très nombreuses demandes (279 000 entre janvier et octobre 2012), se contentent d’en vérifier la forme, sans en contrôler le fond, et ne s’assurent que rarement du consentement réel des parties, singulièrement de celui du salarié.

Les Cours d’appel ont donc eu à se prononcer sur la validité de ruptures conventionnelles contestées par des salariés.

La plupart ont affirmé que ce mode de rupture ne pouvait intervenir « qu’en l’absence de litige entre les parties » (cf. http://www.francmuller-avocat.com/les-pieges-de-la-rupture-conventionnelle), bien qu’un arrêt de la Cour d’appel de Lyon, isolé semble-t-il, adopte une position différente (C.A Lyon 7 mai 2012 n° 09/04353).

Ont été requalifiées en licenciement dépourvu de cause réelle et sérieuse des ruptures intervenues dans un contexte litigieux (Cour d’appel de Rouen, 13 mars 2012 n° 11/03543), en cas d’absence de consentement libre et éclairé du salarié, ou lorsque la convention est finalisée pendant que le contrat du salarié est suspendu et qu’il bénéficie d’un statut protecteur lié à sa vulnérabilité (accident du travail, congé maternité, harcèlement moral).

C’est également pour éviter un abus de ruptures conventionnelles ayant pour origine un motif économique que la Cour de cassation a jugé qu’elles devaient être prises en compte pour l’établissement d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) (Cass. soc. 9 mars 2011, n° 10-11581).

En conclusion, si les objectifs des employeurs, soucieux de disposer d’un mode de rupture souple et limitant le contentieux, ont été pleinement satisfaits, on cherche vainement quels avantages en retirent les salariés ?

Lueur d’espoir, la loi de financement de la sécurité sociale pour 2013 pourrait opportunément constituer un frein à ces pratiques, car elle instaure à compter du 1er janvier 2013 un forfait social de 20 %, à la charge de l’employeur pour les ruptures conventionnelles dans la limite de 2 plafonds annuels de sécurité sociale (74 064   pour 2013).
On attend impatiemment d’observer si ce renchérissement du coût de la rupture se révélera dissuasif.